À vos fourchettes! Les insectes comestibles s’invitent dans notre assiette.

Article rédigé par Isabelle Marquis, Nutritionniste.

Ils sont consommés par plus de deux milliards de personnes un peu partout dans le monde. Ils sont même une spécialité gastronomique dans certains pays. Pourtant, ils sont encore un mystère pour nous! Les insectes comestibles ne font pas partie des habitudes alimentaires des Québécois. Pas encore… mais cela pourrait changer plus vite qu’on pense. Vous êtes sceptiques? Voici 5 raisons qui pourraient vous donner envie de les essayer!

 

 

1- Nutritifs, TRÈS nutritifs

La première particularité des insectes comestibles qui a attiré mon attention (sans surprise!) est leur valeur nutritive : peu d’aliments offrent une telle concentration de nutriments dans une seule cuillère. On n’a donc pas besoin d’en consommer beaucoup pour bénéficier de leurs qualités.

Les insectes comestibles sont particulièrement riches en protéines et en vitamine B12. On parle beaucoup de l’importance de consommer suffisamment de protéines, et pour cause : elles sont une composante de base de toutes les cellules du corps et elles sont essentielles à plusieurs fonctions, notamment pour le transport de l’oxygène dans le sang et la fabrication d’enzymes et d’anticorps.

La vitamine B12 fait aussi régulièrement les manchettes depuis qu’un nombre croissant de gens cessent de manger de la viande ou en réduisent leur consommation. C’est que cette précieuse vitamine ne se retrouve que dans les aliments d’origine animale. Comme elle joue un rôle important dans la formation des globules rouges et le métabolisme de l’énergie, manquer de B12 c’est comme manquer d’essence dans sa voiture : on se sent vite à plat!

 

Enfin, les insectes comestibles fournissent aussi une belle quantité de fibres, d’oméga-3, de zinc et de fer. Ils sont donc un ajout fort intéressant à notre alimentation.

 

 

 

2- On ne badine pas avec les insectes comestibles

Il est rassurant de savoir que l’élevage d’insectes comestibles, de même que leur transformation et leur mise en marché sont soumis à des normes et des règles aussi strictes que pour tous les autres aliments vendus au Canada. Aussi, ce ne sont pas n’importe quels insectes qui peuvent se retrouver dans notre assiette.

 

Au Québec, on élève essentiellement trois espèces d’insectes comestibles, dont deux pour l’alimentation humaine : le grillon domestique et le ténébrion meunier. Ces espèces ont notamment été choisies pour leur très haute valeur nutritive, leur goût neutre et leur très faible empreinte environnementale.

 

 

3- Des champions du développement durable

L’introduction d’insectes comestibles dans notre alimentation est aussi un choix écologique. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a comparé l’élevage de grillons avec celui de bœufs. Pour une valeur égale de 100 g, la différence est renversante :

-2 000 fois moins d’eau,

-13 fois moins de terre agricole,

-12 fois moins de nourriture,

-100 fois moins de gaz à effet de serre.

Qui plus est, le rendement de la production de grillons est bien meilleur puisqu’on peut consommer 80 % de sa masse comparativement à 40 % pour le bœuf.

La production d’insectes comestibles contribue aussi à la réduction du gaspillage alimentaire et à l’économie circulaire, puisque les insectes peuvent se nourrir de résidus alimentaires et que leurs déjections constituent un excellent engrais naturel (qu’on appelle frass).

 

 

4- Produits par et pour des gens d’ici

 

La production locale d’insectes comestibles n’en est pas à ses débuts. Le Québec compte déjà une trentaine de producteurs et une quinzaine de transformateurs. Ceux-ci sont regroupés autour d’une table filière (Table filière des insectes comestibles) et d’une association (Association des éleveurs et transformateurs d’insectes du Québec) pour veiller au développement structuré et concerté du secteur, en plus de promouvoir et valoriser les insectes comestibles au Québec.

 

Les produits à base d’insectes comestibles qu’on retrouve actuellement sur nos tablettes viennent donc d’ici pour la plupart. Pour en être certains, recherchez les logos Aliments du Québec et Aliments préparés au Québec sur les emballages!

 

 

 

5-Vos papilles seront confondues!

On ne peut évidemment pas parler d’aliments nouveaux sans parler de goût. Les artisans derrière ces produits connaissent bien notre dédain pour les insectes, ce qui les motive encore plus à développer des innovations intéressantes. J’ai goûté à quelques-uns des produits offerts actuellement et chaque fois ce fut une belle surprise!

Dans les faits, les insectes comestibles qu’on élève au Québec ne goûtent pas grand-chose. Surtout lorsqu’ils sont en poudre. Certains leur trouvent un petit goût de noix, d’autres détectent une pointe d’amertume. Mais le point commun à tous les palais est que le goût de la poudre d’insectes est plutôt neutre et subtil. Elle est donc très facile à intégrer dans des recettes salées ou sucrées.

 

Personnellement, je l’utilise comme j’utiliserais une farine de blé entier, de pois jaunes ou de sarrazin : je remplace entre un quart et un tiers de la farine régulière par de la poudre d’insectes.

 

Un petit truc : étant donné que cette poudre est très riche en protéines et en fibres, on doit en mettre moins dans une recette où la pâte doit lever (par exemple un pain ou un gâteau). Dans tout le reste (une base de soupe et de sauce, un smoothie, des biscuits, etc.), on peut en mettre plus.

 

Pour ceux d’entre vous qui n’aiment pas trop cuisiner, plusieurs produits prêts à manger méritent d’être découverts. En voici quelques exemples originaux, créés par des entreprises d’ici :

  • Globe Protein : pain tranché à la poudre de grillons Grillon le pain et pâtes alimentaires L’Upcycle
  • Entologik : grillons déshydratés à la sauce cajun et bière Jiminy CrickAle (faite par la brasserie artisanale La Korrigane, en partenariat avec Entologik)
  • Ferme des blés d’or : mélange pour bouchées d’énergie double chocolat
  • Ribozome : poudre protéinée de ténébrions
  • ÉcoDélys : Tartinade au poivre rose

 

En somme, les insectes comestibles se fraient lentement un chemin vers notre assiette. De la même façon qu’il nous a fallu du temps pour se faire à l’idée de manger du poisson cru et des sushis, il faudra aussi un peu de temps avant que les aliments à base d’insectes s’inscrivent sur notre liste d’épicerie. D’ici là, soyons curieux et découvrons toutes leurs qualités, une bouchée à la fois!