La pêche au Québec : un secteur vital sous pression

 

L’industrie de la pêche au Québec est essentielle à plusieurs régions, notamment en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine, sur la Côte-Nord et dans le Bas-Saint-Laurent. En 2025, elle doit s’adapter à une nouvelle réalité climatique, économique et sociale.

 

Les grands défis de l’industrie de la pêche

 

Sans surprise, les changements climatiques ont un impact direct sur la biomasse marine. Le réchauffement de l’eau entre autres nuit à de nombreuses espèces, tant au niveau de leur cycle de reproduction que de leur taux de survie. C’est d’ailleurs le cas des crevettes nordiques qui apprécient les eaux froides.

Le déplacement des stocks est aussi un effet secondaire de ce débalancement écologique. Pour le moment, le homard d’ici en bénéficie. Les eaux du Maine sont désormais trop chaudes pour maintenir la population de ce crustacé à la normale. Il est toutefois faux de dire que le homard migre vers les eaux du Saint-Laurent. C’est plutôt que les populations d’ici prospèrent mieux dans nos eaux un peu plus froides. Cependant, à la vitesse à laquelle les eaux se réchauffent, il y a fort à parier que cet instant de gloire ne saura durer bien longtemps.  

 

Un autre élément qui joue un rôle important dans les défis de la pêche au Québec, c’est notre dépendance aux marchés étrangers. En effet, on exporte la grande majorité de ce que l’on pêche (environ 80 %) vers les États-Unis et l’Asie qui sont prêts à payer cher pour la qualité des espèces d’ici.

Étant donné la situation actuelle avec nos voisins du sud et les tensions économiques avec la Chine, dont un tarif douanier de 25 % sur le homard, son prix à quai est à la baisse. On est plusieurs à s’en réjouir quand on le voit « en spécial » à l’épicerie. Mais pour les pêcheurs, ce n’est pas une bonne nouvelle.

 

Puis, le manque de main-d’œuvre pose un sérieux défi à l’industrie, tant du côté de la pêche en tant que telle que de la transformation des produits marins. Lorsqu’un secteur d’activité est incertain, voire en péril et en région, il est en effet plus difficile de recruter du personnel qualifié.

 

Manger local chez le poissonnier

 

Les enjeux sont bien réels et multiples, mais les solutions sont à portée de main. En tant que consommateurs, on a le pouvoir de soutenir une pêche responsable et locale simplement en découvrant et cuisinant les espèces du Québec plus souvent.

 

 

 

Si le homard et le crabe des neiges dominent le marché local, d'autres espèces pourraient enrichir nos assiettes. Pensons au sébaste – sous moratoire de 1995 à 2024 - un poisson à chair blanche et délicate, très polyvalent en cuisine, abordable, et dont sa biomasse se porte bien. Que de bonnes raisons de le mettre plus souvent dans notre assiette!

 

 

 

 

 

 

 

Quant à la crevette nordique, elle est moins présente dans le Saint-Laurent parce que les eaux se réchauffent, mais aussi parce que le sébaste se nourrit entre autres de bébés crevettes. Les quotas de pêche à la crevette nordique reflètent l’état de sa biomasse. Lorsqu’on en trouve sur le marché, on a donc pas besoin de s’empêcher d’en manger.

 

 

 

 

 

 

 

Plusieurs mollusques méritent aussi notre attention, comme le buccin, aussi connu sous le nom de bourgot - un escargot de mer – et les mactres de Stimpson, des palourdes locales. Il en va de même pour les algues, qu’on a déjà pris l’habitude de consommer dans les sushis, en salade ou même comme collation.

 

 

 

 

 

De plus, la réglementation de la pêche au Québec, comme le fait d’imposer des quotas selon la biomasse disponible et d’utiliser des méthodes de pêche durable, permet de protéger la biodiversité et l’écosystème précieux du Saint-Laurent. Il est effectivement plus difficile de suivre la traçabilité des produits importés.

 

L’écoguide de Fourchette bleue – fondé par Exploramer, un musée sur la préservation et à la connaissance du milieu marin du Saint-Laurent - et publié chaque année selon l’état de la biomasse de chaque espèce, est une bonne source d’inspirations pour élargir nos horizons culinaires.

 

 

 

À la poissonnerie, on peut repérer le logo Aliments du Québec pour s’assurer de la provenance des produits qu’on met dans notre panier. On peut aussi demander au poissonnier de tenir davantage d’espèces locales. C’est en créant la demande que l’offre se diversifie!

On aime aussi voir les poissons et fruits de mer du Québec au menu des écoles, des hôpitaux et autres institutions de la province. Collectivement, on peut faire la différence pour soutenir davantage les entreprises locales et les communautés côtières et participer au bien-être de la pêche d’ici.

 

 

Pour en savoir plus à propos de l’histoire, des enjeux et des solutions de rechange à la pêche commerciale au Québec, écoutez le balado Mange ton Saint-Laurent !

 

* Photo de couverture : Éric Labonté, MAPAQ.

 

 


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