Manger local, c'est quoi?
Locavorisme, kilométrage alimentaire, alimentation responsable… Le mouvement manger local, qui gagne constamment en popularité a généré plusieurs nouveaux termes. Petit tour d’horizon pour mieux apprivoiser le vocabulaire.
Comme plusieurs tendances et mots populaires, le terme et le mouvement locavore ont pris naissance sous le soleil de la Californie. Plus précisément, ils ont été inventés à San Francisco en 2005 par la chef et activiste américaine Jessica Prentice, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. Cette dernière a lancé le défi aux résidents locaux d’essayer de ne consommer que des aliments cultivés ou produits dans un rayon de 100 miles (160 km), et ce, pendant un mois. Le mouvement a connu un tel succès qu’il s’est rapidement fait connaître dans plusieurs villes à travers le monde.
Ainsi, en 2007, le mot « locavore » a fait son entrée dans le New Oxford American Dictionnary, qui l’a même nommé « mot de l’année ». Le Petit Larousse l’a intégré dans ses pages en 2010. L’Office de la langue française du Québec a suivi le pas en 2015 en l’incluant dans son grand dictionnaire terminologique tout en précisant qu’il lui préfère le terme « localivore », moins calqué de l’anglais.
Au Canada, la philosophie locavore a commencé à faire parler d’elle après la publication de l’ouvrage The 100 mile Diet, en 2007. Celui-ci documentait le quotidien de deux trentenaires de la Colombie-Britannique qui se sont nourris exclusivement de produits locaux pendant un an. Succès critique et public, le livre a été discuté dans les médias partout au pays, notamment au Québec, où l’on a relevé la difficulté de mettre en pratique une vision aussi restrictive de la notion de « manger local », en bonne partie à cause de notre climat. Ni les haricots verts ni la laitue ne poussent en janvier… (mais la culture en serre permet de consommer certains fruits et légumes locaux à l'année!)
Une définition contestée
Si la définition de locavore fait l’unanimité, la notion de « produit local », elle, est sujette à bien des interprétations. On s’en doutait bien, les points de vue sur la distance maximale tolérée entre les sources d’approvisionnement alimentaire et les consommateurs sont multiples. Certains adeptes de l’idéologie locavore la limitent à 150 km, alors que d’autres vont jusqu’à 250 km. À la notion de distance, d’autres ajoutent la nécessité de suivre le rythme des saisons.
L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a choisi une définition moins contraignante : selon la politique provisoire actuellement en vigueur, le terme local peut être utilisé pour les aliments produits dans la province où ils sont vendus ou encore, pour les aliments vendus dans d’autres provinces ou territoires dans un rayon de 50 km de la province ou du territoire d’origine. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) va dans le même sens, en associant « manger local » à « acheter des aliments produits au Québec » ou encore « préparés au Québec ». C’est aussi ce que font les grandes chaînes de supermarchés présentes au Québec. Elles ont toutes adopté une politique d’achat local au cours des dernières années.
Un kilométrage alimentaire limité
Souvent associé à l’idéologie locavore, le concept de kilométrage alimentaire calcule le parcours total d’un aliment, de sa fabrication jusqu’à l’assiette du consommateur, en passant par l’étape de la transformation. L’objectif des adeptes du « manger local » est bien sûr de réduire ce kilométrage, tant pour des raisons écologiques et économiques que pour des motifs de santé. Quels produits d’ici les consommateurs sont-ils le plus susceptibles de mettre dans leur panier d’épicerie? Les aliments locaux les plus populaires sont, dans l’ordre, les fraises, les tomates et les salades suivi par le pain, la viande et la volaille.
Une alimentation responsable, qu’est-ce que c’est ?
Bien des locavores sont sensibles aux grands principes de l’alimentation responsable. Cette notion, née à peu près au même moment que le « locavorisme », invite les gens à se préoccuper des impacts de leurs choix alimentaires sur leur santé et celle de leur environnement, de même que sur les conditions de vie de ceux et celles qui produisent les aliments consommés. Selon ce mouvement, acheter des denrées faites ou préparées au Québec est un choix sensé, dont les conséquences positives s’observent dans ces trois domaines.
Un incontournable
Mouvement marginal devenu un phénomène de société incontournable en dix ans à peine, l’achat local est un sujet de préoccupation pour une grande partie de la population québécoise. Et elle ne fait pas qu’y penser : elle passe à l’action ! À preuve, 66 % des consommateurs québécois déclarent acheter des aliments portant le logo Aliments du Québec toutes les deux semaines ou plus souvent. Voilà qui atteste la popularité actuelle de la tendance et qui lui prédit un futur prometteur.