Kripsy Kernels

Dans les patates depuis trois générations: une entreprise 100% québécoise, de grand-père en père... puis en filles

 

L'entreprise Aliments Krispy Kernels, bien connue pour ses arachides, noix et chips Yum Yum, passe souvent pour une Américaine. Et pourtant, elle fait partie du paysage québécois depuis 70 ans ! Mieux : c’est elle qui a racheté les actions de son partenaire du New Jersey ! Une belle affaire de famille. 

 

« Chaque fois que je raconte l’histoire de mon grand-père, les gens sont ravis d’apprendre qui sont les bâtisseurs derrière la marque », dit Renée-Maude Jalbert, directrice du marketing d’Aliments Krispy Kernels. Elle et sa sœur Valérie, PDG, font partie de la troisième génération à assurer la relève de ce fabricant de collations salées du Québec.

De Newark à Québec

Tout a commencé en 1944, au cours d’un voyage en train à New York. Propriétaire d’une entreprise de distribution de périodiques, Paul Jalbert, 25 ans, s’apprête à rencontrer des éditeurs. En chemin, il achète un petit sachet d’arachides Krispy Kernels pour calmer sa faim. Coup de foudre ! « Mon grand-père a saisi tout de suite l’opportunité de les distribuer à travers son réseau de dépanneurs au Québec et au Canada », relate Renée-Maude. Au retour, le jeune homme passe par Newark, au New Jersey, pour rencontrer le propriétaire. Trop heureux de trouver un débouché pour ses produits, celui-ci lui accorde l’exclusivité de distribution au Canada.

Les arachides salées font un tabac. En 1951, Paul ouvre une usine de transformation à Québec. Deux ans plus tard, il rachète les actions de son partenaire et remplace le logo des deux colonels de l'armée sudiste par un petit bonhomme qui tire la langue. Même francisé, le nom « Aliments Krispy Kernels » prête à confusion. « Encore aujourd’hui, peu de gens savent que l’entreprise est 100 % québécoise », remarque Renée-Maude.

En 1959, toujours à l’affût des opportunités, Paul acquiert (avec son frère Louis la compagnie de croustilles Yum Yum fondée par les Bergeron - une famille de producteurs de pommes de terre de Warwick. Équipée d’une machinerie rudimentaire, la petite usine se modernise. Chips nature, au BBQ, au sel et vinaigre, assaisonnées ou légères ; bâtonnets au fromage… Yum Yum devient le chef de file en la matière. Le fabricant est le premier à éliminer les gras trans de ses chips et à commercialiser les croustilles de légumes, vendues sous la marque Viva. Le premier aussi, à proposer des croustilles cuites à la marmite dans un sac qu'on peut placer au four à micro-ondes pour les réchauffer. « On a toujours été avant-gardistes... parfois trop pour l’époque ! », plaisante Renée-Maude. Pendant ce temps, Krispy Kernels diversifie son offre d’arachides et se lance dans la commercialisation de noix, toujours avec cette promesse de qualité. « Mon grand-père n’a jamais fait de compromis. Régulièrement, il descendait dans l’usine pour goûter aux produits », se souvient Renée-Maude.

De grand-père en père en filles

 

Très tôt, le fils aîné de Paul, Denis, se joint à l’entreprise familiale. « Comme il avait reçu un diagnostic de cancer au cerveau au début de la quarantaine, mon grand-père lui a rapidement confié des responsabilités, dit Renée-Maude. Au fil des ans, Denis rachète des parts. Il devient l’unique propriétaire en 1990. Puis c’est au tour de Valérie et Renée-Maude de tailler leur place au tournant des années 2000, l’une aux ressources humaines et aux ventes, l’autre au marketing. En 2013, quelques mois avant le décès de Paul, à 94 ans, Valérie accède au poste de présidente. « Il est parti en paix, heureux de voir que la direction était entre nos mains », affirme Renée-Maude. Une relève au féminin, avec sa propre vision et son style de gestion. « Les exigences sont toujours plus élevées. On doit continuer d’innover tout en préservant nos valeurs. » Un beau défi.

Aliments Krispy Kernels, c’est… 

  • Une entreprise à 100% québécoise spécialisée dans la transformation et la distribution de collations salées, propriétaire des marques Yum Yum, Krispy Kernels, VIVA et State Line.
  • 250 employés issus des régions de Québec et du Centre-du-Québec. Certains ont connu l’entreprise sous Paul, Denis et maintenant les sœurs Jalbert !
  • 3 usines de transformation (arachides, noix et croustilles) : 2 situées à Québec (dont une sans trace d’arachide) et une à Warwick.
  • Des produits certifiés « Aliments préparés au Québec ». Les pommes de terre proviennent en grande partie des producteurs d’ici. « On encourage le plus possible les fournisseurs locaux », assure Renée-Maude Jalbert.

 

Le petit bonhomme derrière le logo

Après le rachat de Krispy Kernels à son partenaire américain, Paul Jalbert demande à Mike St-Onge, proprio de la tabagie Saint-Sacrement et graphiste à ses heures, de lui créer un nouveau logo. Mike s’est inspiré du fils de Paul, Denis qui, enfant, avait l’habitude de tirer la langue sous l’effort !

Genèse de la croustille

En 1853, dans un resto de l’État de New York, un client retourne ses pommes de terre qu’il juge trop grasses. Offusqué, le chef cuisinier d’origine amérindienne Georges Crum’s coupe le tubercule en tranches fines, les jette dans la friteuse, puis les sale généreusement une fois bien dorées et croustillantes. Le client capricieux en fut ravi ! La croustille était née.

L’invention des chips assaisonnées

Réunie pour l’apéro dans la cuisine-labo, l’équipe de Yum Yum a un jour la folle idée de mélanger toutes les épices pour rehausser le goût des chips. Le résultat est renversant ! La nouvelle saveur sera commercialisée en 1978 au Canada et aux États-Unis.